Tu accompagnes peut-être déjà. Tu sais écouter, poser des questions, reformuler, tenir un espace. Tu as des outils, de l’intuition, de l’expérience. Et pourtant, parfois, quelque chose coince.
Tu sens que ça ne descend pas. Que ça reste en surface. Que ta cliente comprend… mais ne se transforme pas vraiment. Qu’il manque un accès, une clé.
Et si cette clé, c’était le corps ?
Pourquoi la parole ne suffit pas (même quand elle est bien utilisée)
La parole est précieuse. Elle aide à mettre du sens, à faire des liens, à prendre du recul. Elle permet à une part de nous d’exister, celle qui sait, qui comprend, qui analyse. Mais elle ne permet pas toujours de libérer ce qui est figé, ou de réparer ce qui a été vécu dans le non-dit, dans le non-senti, dans le trop ou le pas assez.
Ce que j’ai vu encore et encore, ce sont des femmes brillantes, sensibles, éveillées, qui savent très bien parler de leurs blessures, les analyser, les théoriser… mais qui n’arrivent pas à les dépasser. Parce que dans leur corps, la peur, la honte ou la colère sont encore là, bloquées, tues, enfermées.
Et dans l’accompagnement, si tu ne reconnais pas cette réalité-là, tu risques de croire que tu fais mal ton travail… ou que ta cliente n’est « pas prête ».
Le trauma se vit dans le système nerveux, pas dans la tête
C’est une clé fondamentale que peu de formations enseignent : le trauma ne réside pas dans le récit de l’histoire, mais dans l’activation du système nerveux.
Tu peux raconter un événement difficile, avec le sourire, sans ressentir aucune émotion… et pourtant, ton corps peut encore être en hypervigilance, en figement, ou en défense.
Et c’est exactement ce qui rend certains accompagnements inefficaces, voire contre-productifs. Car à vouloir aller trop vite, à pousser vers la conscience mentale, on risque de bypasser les mécanismes profonds de protection.
« Ce n’est pas que la personne ne veut pas. C’est que son corps ne peut pas. Pas encore. »
Le corps parle un langage que tu peux apprendre à écouter
Lorsque tu es en séance et que ta cliente :
regarde ailleurs au moment d’aborder un sujet sensible
arrête de respirer sans s’en rendre compte
croise les bras sur son ventre ou son cœur
change de ton, devient floue, absente ou « trop calme »
… ce sont des signaux précieux.
Ils disent : « il se passe quelque chose ici ». Quelque chose qui n’a peut-être pas de mots, mais qui est en train de se rejouer. Et c’est là que ton rôle prend toute sa puissance : pas pour forcer l’ouverture, mais pour créer un espace suffisamment sécure pour que ce qui est prêt à émerger puisse le faire.
Intégrer le corps ne veut pas dire « faire du corporel »
Beaucoup de coachs ou de thérapeutes croient qu’intégrer le corps veut dire faire du massage, du yoga, de la danse. Pas du tout.
Intégrer le corps, c’est avant tout changer de posture d’écoute.
C’est ralentir. C’est observer. C’est ajuster ton rythme au sien. C’est sentir quand tu es en train de pousser sans le vouloir. C’est oser rester présente même quand il n’y a pas de mots.
C’est aussi cultiver ta propre régulation : car plus tu es ancrée, plus tu deviens une base sécure pour l’autre. Et ça, c’est le cœur du travail somatique.
Le rôle du système nerveux dans la transformation
Le système nerveux est le filtre de toute notre expérience. Il décide, à chaque instant, si nous sommes en sécurité, ou non. Et s’il perçoit un danger (même symbolique), il va mettre en place une réponse automatique :
fuite
lutte
figement
soumission
fawn (plaire à tout prix)
Ces états, nous les connaissons toutes. Et beaucoup de nos clientes y sont coincées sans même le savoir.
En comprenant ces mécanismes, tu ne prends plus les résistances « personnellement ». Tu arrêtes de croire que tu n’es pas assez ou qu’elle « ne veut pas ». Tu comprends que c’est le système qui protège, souvent à très juste titre.
Et là, tu peux accompagner autrement.
Ce que ça change dans ta posture d’accompagnante
Tu accompagnes au rythme du corps, pas au rythme du mental.
Tu offres un espace qui contient, au lieu d’un espace qui pousse.
Tu vois venir les moments de figement ou de dissociation, et tu sais comment les traverser.
Tu proposes moins de contenu, mais avec beaucoup plus d’impact.
Tu n’as plus besoin d’avoir toutes les réponses : ta présence devient l’outil principal.
Et ce changement de posture, il change tout :
pour toi (tu es moins vidée, plus centrée, plus confiante)
pour ta cliente (elle se sent vue, reconnue, accueillie, sans pression)
Pourquoi c’est indispensable dans l’accompagnement du féminin
Quand tu accompagnes des femmes, tu entres souvent dans des zones chargées de mémoires : le corps, la sexualité, la maternité, la honte, le pouvoir personnel, la cyclicité…
Ce sont des espaces où le trauma collectif et intime est souvent présent. Et tu ne peux pas accompagner là-dedans sans prendre en compte le système nerveux, les réactions de protection, les émotions non digérées.
C’est pour ça qu’intégrer le corps est un acte d’éthique autant que de compétence. C’est ce qui permet de ne pas retraumatiser. C’est ce qui fait la différence entre un espace qui libère et un espace qui fige.
Tu n’as pas besoin d’être experte. Mais tu dois être consciente
Tu n’as pas besoin d’être thérapeute corporelle, ni de connaître toutes les techniques somatiques. Mais tu as besoin de :
comprendre les bases du trauma et du système nerveux
savoir poser un cadre régulateur
identifier les signaux d’activation ou de dissociation
être capable d’ajuster ton rythme, ta voix, ta posture
Et surtout, tu dois faire ce chemin pour toi aussi. Car tu ne peux pas accompagner quelqu’un là où ton propre corps n’a jamais été.
Intégrer le corps, c’est revenir à l’essentiel
Ce n’est pas une méthode de plus. C’est une façon d’être. C’est une posture qui écoute plus profondément, qui agit moins, mais accompagne mieux.
Et c’est ce que je souhaite à toutes les femmes qui accompagnent : retrouver une présence incarnée, stable, sécure. Une posture à la fois ancrée, douce, et profondément impactante.
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Une réponse
Merci , j’ai beaucoup aimé cette article. J’ai moi même ce sentiment dernièrement, le feeling d’y être rendu mais sentir en moi un blocage. Comme s’il me restait une dernière porte à ouvrir, celle du corps. Je sais, je me vois mais la fuite est la. Je contourne, j’évite, procrastine. La peur de faire face, d’être complètement la face au trauma.