Il y a quelque temps, je suis tombé sur un article parlant du syndrome de Stockholm. Cet article m’a fait penser à la définition même du syndrome de Stockholm, et à la façon dont il est présenté par la société en général. Une manière plutôt simpliste à mon avis, de résumer le traumatisme subit par certaines personnes.
C’est quoi le syndrome de Stockholm et quelles en sont les origines ?
Le syndrome de Stockholm désigne la tendance qu’ont certains otages à sympathiser avec leur ravisseurs ou agresseurs, et à partager la même vision de la vie qu’eux après avoir passé un temps plus ou moins long avec ces derniers.
L’origine de cette désignation remonte à quelques décennies, plus précisément en 1973, dans la ville de Stockholm. En effet en 1973, deux évadés de prison commettent un hold-up dans une banque à Stockholm, et prennent en otage 4 employés de la banque. Ces derniers fut finalement libéré après quelque six jours de négociations.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Déjà, lors de leur libération, les otages protègent leurs ravisseurs en s’interposant entre eux et les forces de l’ordre. Par ailleurs, ces derniers iront par la suite rendre visite à plusieurs reprises à leurs ravisseurs en prison, entretenant ainsi avec eux une relation affective assez intense et peu commune entre un agresseur et un agressé.
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Le syndrome de Stockholm est donc une relation paradoxale, mettant en scène une fraternisation entre les agresseurs et les agressés, et se manifeste par trois symptômes particuliers : la naissance d’un climat de confiance accrut entre l’agresseur et l’agresser, la naissance d’un sentiment d’empathie des ravisseurs envers leurs otages et l’apparition de comportement hostile de la part des otages envers les forces de l’ordre.
Pourquoi le concept de syndrome de Stockholm n’est pas adéquat avec la réalité des victimes ?
Comme je l’ai dit dans l’introduction, l’article que j’ai lu m’a fait l’effet d’une petite révélation que j’ai envie de te partager. En effet, la définition que nous avons du syndrome de Stockholm est assez simpliste, et ne couvre pas vraiment l’étendu de la réalité que vivent les victimes de traumatisme à mon avis.
En effet, il serait important de pouvoir discerné derrière les élans de sympathie des otages envers leur ravisseur, ou des agressés envers leurs agresseurs, d’autres mécanismes psychosociologiques qui seraient à même de permettre d’expliquer de manière beaucoup plus tangible cette brusque poussée de sympathie, et d’éviter ainsi de tomber dans la généralisation en mettant tout sur le compte du syndrome de Stockholm.
Généralement, une victime peut ressentir de l’affection pour son agresseur, car même si elle a souffert, elle est encore en vie et peut ressentir une forme de gratitude pour celui-ci. Le syndrome de Stockholm se développe aussi chez une personne, car à un moment, son agresseur s’est montré humain.
Je comprends cela dans le cadre d’une prise d’otage mais pas dans le cas de violences physiques, sexuelles, émotionnelles sur un mineur, surtout si ce dernier a subi des agressions de l’un de ses proches.
Le syndrome de Stockholm devient donc pour moi un concept qui minimise de manière assez injuste le traumatisme subit par les agressés, et les soumet ainsi à une certaine forme de culpabilisation. Ce qui n’aide pas du tout ces derniers à sortir de ce traumatisme.
Découvre, en cliquant ICI, un article sur la culpabilité spirituelle. De par mon expérience personnelle et professionnelle, j’ose dire qu’une victime de violences sexuelles développe un énorme sentiment de culpabilité qui sera aussi présent dans son chemin spirituel.
Prenons par exemple le cas particulier de l’inceste. Cette situation est assez particulière et son caractère exclusif me permet de mettre en exergue avec assez de faciliter le fond de ma pensée. En effet, les relations incestueuses interviennent dans un cadre plus ou moins formel et familial. Ce qui complique le processus de dénonciation de la part des victimes.
Quand une victime d’agression sexuelle à caractère incestueuse garde le silence et reste attaché malgré tout à son agresseur, doit-on parler de syndrome de Stockholm ? Et bien l’affaire est bien plus complexe que cela.
Dans ce type de situation, la victime dépend généralement, d’un point de vue sociale de son agresseur. Il s’agit généralement d’un parent proche.
Une personne qui est donc sensé veillé sur elle, la nourrir la protéger, et veillé à ce qu’il ne lui arrive rien de mal. De ce point de vue, on comprend assez facilement cette manie qu’on les victimes d’agression sexuelles à garder pour eux la dure réalité qu’elles vivent. Il ne s’agit en aucun cas du syndrome de Stockholm comme on le décrit le plus souvent. Dans ce cas d’espèce, on assiste plutôt à un mécanisme de défense de la part des victimes qui restent attachées à l’idéal que représentent leurs agresseurs.
On ne pourra pas reprocher à un enfant qui fut agressé sexuellement par un de ses parents de rester attaché à ce dernier d’une manière ou d’une autre, et ce résidu d’attachement ne devrait pas être considéré comme une pathologie ou une situation paradoxale, mais plutôt comme un fait normal, vue que les parents sont sensés représenté une entité protectrice pour l’enfant.
Dire d’office qu’un enfant agressé par ses parents, et qui resterait attaché à ces derniers serait en train de manifester un syndrome de Stockholm serait de plonger dans la facilité et dans la généralité, tout ceci en faisant peser sur la victime le poids de la culpabilité.
Découvre un article qui te permettra de mieux comprendre les traumatismes et leurs mécanismes. Tu y trouveras aussi des ressources et des techniques efficaces pour t’aider à résoudre ton trauma. Clique ICI.
Il est donc important d’étudier ce type de comportement paradoxal des victimes au cas par cas, afin d’éviter d’utiliser ce concept à tort et à travers.
Comment peut-on expliquer le syndrome de Stockholm ?
Aussi étrange et paradoxale qu’il puisse paraître. Le syndrome de Stockholm pourrait avoir tellement d’explication tangible. D’un point de vue collectif, ce qu’on retient de ce syndrome, c’est une réaction malsaine de la part des victimes, qui éprouvent après avoir été en contact avec « le mal » sur une période plus ou moins longue.
Cette conception on ne peut plus péjorative a tendance à occulter une facette psycho-sociologique beaucoup plus complexe de la chose. En bref, nous pouvons explorer le syndrome de Stockholm sous divers angles, et lui donner un aspect beaucoup plus humain.
– L’aspect altruiste du syndrome de Stockholm
En réalité, le syndrome de Stockholm n’apparaît le plus souvent que dans des cas spécifiques où le ravisseur et l’otage partagent une période plus ou moins longue de vie commune. Il est donc facilement concevable que pendant ce bref moment passé ensemble, la victime ai pris le temps de connaître son agresseur, et de comprendre les motivations de son acte.
Partant de là, cette brusque poussée affective de la part de la victime peut facilement s’expliquer par une prise de conscience de la dimension humaine de son agresseur, et par un désir de lui venir en aide d’une manière ou d’une autre. De ce fait, ce qui jusque-là est considéré comme un paradoxe devient une réaction tout à fait normale et revêt un semblant d’altruisme.
Aussi, je déplore comment le cinéma s’est approprié d’un mécanisme complexe vécu par les victimes pour en faire quelque chose de romantique. Il existe beaucoup trop de films qui donnent un côté magique à se faire kidnapper, agresser ou violer.
Ce qui n’a rien de magique et peut faire culpabiliser les vraies victimes de ne pas sentir ce type de relation hollywoodienne. On retrouve même beaucoup de vidéos porno, mettant en scène une victime qui se fait violer et fini par apprécier son agresseur. Je trouve horrible comment cela est exploité, au détriment, des victimes.
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Je considère que catégoriser de la sorte, les victimes d’inceste, par exemple, est limitant dans un processus de résolution du traumas. Il ne reflète pas de manière globale l’impact d’un tel trauma sur une personne, mais juste un aspect. Ce qui, selon moi, est juste une partie de la complexité de la souffrance vécue.
Même si je trouve que pouvoir mettre un nom sur ce qui est vécu, ressenti et expérimenté est en quelque sorte libérateur. Je trouve aussi que ce terme n’englobe pas la réalité et la nécessité de survie d’un être humain qui aurait vécu un tel traumatisme durant son enfance et subi des violences de la part de l’un de ses proches.
Je préférerais un terme bien plus global et holistique ( qui inclus les différentes dimensions de l’être) pour une guérison plus précise et plus personnalisée à chaque victime.
Que penses-tu de cette réflexion ? Sois libre de me donner ton avis en commentaires.
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Je t’embrasse,
12 Responses
Moi ca me fait penser à l’histoire de cette femme dont la brève histoire est dans le lien ici joint…
Oh merci pour le partage Ksenia, je viens de signer.
C’est dingue, qu’elle se sente encore coupable et accepte la prison.
Je t’embrasse,
Jessica
Merci beaucoup pour ces mots. Cela me touche énormément et je trouve cela tellement juste étant victime de violence parentale. Je ressens encore de la culpabilité que effectivement je trouve aussi sur mon chemin spirituel. Ce qui a fait que j ai été très « dure » avec moi même et m a amener à plusieurs bien out et dépression.
C est important de pouvoir mettre des mots pour soulager les maux.
Bonsoir Karen, merci pour ton message.
Oui selon moi, ça s’applique à toutes les violences parentales.
Je souhaite qu’avec l’année passée dans la formation, tu sentiras moins de culpabilité dans ta vie.
Je t’embrasse,
Jessica
Je crois que cela fait du bien.de lire tout ça, car c’est ma réalité et que oui spirituellement le chemin est semé d’embûches effectivement et autojugement et flagellation s’entremêlent. C’est dur très dur, alors merci pour l’objectivité dont tu fais preuve en écrivant tout cela. C’est bien vrai
Bonjour,
merci pour ton message.
Je suis heureuse que cette réflexion te fasse du bien.
Je t’invite à lire cet article (si tu ne l’as pas encore fait) : http://haraluna.com/trauma-tare-ou-super-pouvoir/
Je l’ai fait pour donner une vision concrète des mécanismes des traumatismes.
Je t’embrasse,
Jessica
Les gens, le grand public aime la simplification.
Je suis en train de lire LE CORPS N’OUBLIE RIEN de Bessel van den KOLK. 470 pages pour comprendre les traumas et les impacts dans le cerveau.
Heureusement que chez certaines personnes, leur sensibilité leur permet d’avoir une vision fine de leur Histoire.
Beaucoup de gens se résument à fuite ou attaque: si il est méchant fuit ou attaque, si il est gentil reste.
Créer un lien vrai et profond avec autrui requiert plus de sensibilité que cela, requiert une vision complexe de la réalité, de l’autre et de ce qu’une relation peut receler comme richesse topographique.
Bonjour Moon,
merci pour ton message.
Très belle lecture, j’ai adoré les compréhensions que ce livre m’ont apportées.
En effet, la vie n’est pas aussi binaire qu’elle n’en paraît.
Je t’embrasse,
Jessica
Tout à fait d’accord pour dire que « le syndrome de Stockolm » n’est qu’une construction intellectuelle élaboré par un psychiatre qui a voulu dédouaner la police. Je dois ajouter que le baron Empain qui a été enlevé et séquestré pendant plus de 2 mois en 1978 a confirmé que ce concept est totalement erroné , il a simplement expliqué que instinct de survie un otage va tenter de sympathiser avec son ravisseur.
Bonjour Patrick,
Merci pour ton message.
Je suis ravie d’apprendre au sujet de ce baron que je ne connaissais pas.
Le concept de sympathiser avec les ravisseurs peut être expliquer avec l’approche du système nerveux.
En situation de danger, nous avons 3 possibilités : lutter, fuir ou s’immobiliser.
Quand aucun des trois n’est possible, il reste le plaire. Plaire à son agresseur pour s’en sortir.
Merci pour l’information.
Bonne journée,
Jessica
Bonjour Jessica, je pense au contraire que l’étude du syndrome de Stockholm, qui décrit un faisceau complexe de symptômes traumatiques, est très pertinent pour comprendre (et faire cesser) les liens traumatiques.
C’est la menace sur la survie qui crée le lien traumatique avec toute personne à laquelle on est lié par une dépendance vitale (parent, terroriste, mari violent): l’amygdale prend alors le contrôle. Pour assurer sa survie la victime se soumet à l’agresseur, s’attache à lui et répond compulsivement à ses attentes.
C’est seulement en retrouvant suffisamment de sécurité que le cortex peut reprendre le contrôle et agir de façon rationnelle, c’est-à-dire fuir la menace, le danger, la douleur.
D’où l’importance de mettre les victimes en sécurité, physique, émotionnelle et matérielle.
Si on ne les croit pas, ou qu’on les croit, mais on ne fait rien (par peur ou pour ne pas remettre en question le système de domination patriarcale dont on profite), les victimes n’ont pas d’autre choix que de composer avec leur agresseur. Dans notre société, la violence est normalisée (violences éducatives ordinaires) et même érotisée (modèle toxiques de relation « amoureuse » dans toute notre culture), ce qui retarde, complique ou empêche la résolution du trauma. Joana Smith est très intéressante sur tous ces phénomènes complexes :
Bonjour Chris, ce que je reproche au syndrome de Stockholm est une approche simpliste et généraliste de mécanismes complexes. Ce qui en fait un concept glamour repris par Hollywood. Il serait plus pertinent de catégoriser les différentes réactions en fonction des différents scénarios possibles afin de proposer de réelles solutions. Car même si beaucoup connaissent ce symptôme combien sont amènes à aider une personne à s’en sortir sans la retraumatiser ?