(Une critique des pratiques qui forcent les émotions et leurs effets sur le système nerveux)
La croyance en la libération par l’explosion émotionnelle
Dans de nombreux courants du développement personnel, du coaching, du tantra ou du breathwork, on entend souvent cette idée : « Il faut exprimer les émotions à fond pour s’en libérer. »
On voit alors des pratiques où l’on pousse les personnes à hurler, pleurer, trembler, à exprimer violemment leur colère ou leur douleur, dans l’idée qu’une décharge émotionnelle massive permettrait de se libérer de ses blocages.
Si certaines personnes disent se sentir mieux immédiatement après une expérience de catharsis, d’autres en ressortent plus fragmentées, plus dissociées, voire plus traumatisées qu’avant.
Dans ma formation Somaluna, ce n’est pas cette approche que nous transmettons. Un accompagnement respectueux des émotions ne passe pas par la brutalité, mais par la capacité à réguler, à accueillir et à transformer les ressentis sans surcharge du système nerveux.
Dans cet article, nous allons voir comment fonctionne le système nerveux, pourquoi forcer une catharsis peut être nocif et comment accompagner les émotions autrement, de manière plus respectueuse et plus durable.
1. Qu’est-ce que la catharsis et pourquoi est-elle si populaire ?
Le terme « catharsis » vient du grec « katharsis », qui signifie « purification » ou « nettoyage ». C’est Aristote qui a popularisé ce concept en expliquant que le théâtre pouvait provoquer une libération des émotions chez le spectateur.
Dans le domaine thérapeutique et du développement personnel, la catharsis est souvent perçue comme un processus de libération émotionnelle intense, où l’on exprime sans retenue des émotions refoulées.
On la retrouve dans différentes pratiques :
- Le breathwork intensif, où l’hyperventilation pousse à des états de transe pouvant entraîner des crises de larmes ou des spasmes incontrôlés.
- Les stages de développement personnel, où les participants sont encouragés à crier leur rage, à revivre un trauma ou à exprimer leur douleur sous les yeux d’un groupe.
- Certaines formes de psychothérapie corporelle, où l’on force les réactions physiques et émotionnelles dans l’idée de « débloquer » quelque chose.
Dans Somaluna, nous apprenons que l’émotion n’a pas besoin d’être hurlée pour être entendue. Il y a des manières plus subtiles, plus profondes et plus respectueuses d’accompagner la libération émotionnelle.
2. Le système nerveux et la régulation émotionnelle : comprendre ce qui se passe dans le corps
Pour comprendre pourquoi la catharsis peut être problématique, il faut connaître le fonctionnement du système nerveux autonome.
Les 3 états du système nerveux autonome
Le système nerveux autonome (SNA) régule nos réactions face au stress. Il fonctionne en trois états principaux :
- L’état de sécurité (ventral vagal) : calme, engagement social, sensation de bien-être.
- L’état de stress ou de lutte/fuite (sympathique) : accélération du rythme cardiaque, agitation, préparation à l’action.
- L’état de figement ou de dissociation (dorsal vagal) : immobilité, sensation de vide, anesthésie émotionnelle.
Quand une émotion forte survient, le système nerveux réagit naturellement en ajustant ces états. Cependant, forcer une catharsis revient souvent à plonger directement dans un état de stress intense, voire de figement, sans possibilité de régulation.
À Somaluna, nous enseignons à reconnaître les signaux du système nerveux pour ne pas basculer dans une surcharge émotionnelle. L’accompagnement d’une émotion commence toujours par la compréhension de l’état dans lequel se trouve la personne.
3. Les risques de la catharsis forcée
A. Une réactivation du trauma sans intégration
Forcer une personne à revivre un trauma dans l’espoir d’une libération émotionnelle peut avoir l’effet inverse :
- Le système nerveux peut renforcer l’association entre l’émotion et la souffrance, rendant l’expérience encore plus douloureuse.
- Sans cadre sécurisant, l’expérience peut se cristalliser dans le corps, au lieu d’être libérée.
Dans Somaluna, nous comprenons que revivre un trauma ne signifie pas le guérir. L’approche est progressive, sécurisée et ancrée dans la régulation du système nerveux.
B. Une surcharge du système nerveux
Les émotions fortes doivent être accueillies progressivement. Un débordement émotionnel brutal peut mener à :
- Une hyperactivation (crises d’angoisse, agitation extrême, insomnies).
- Une dissociation (impression de flotter hors de son corps, vide émotionnel).
- Une fatigue intense après la séance, pouvant mener à un effondrement émotionnel.
C. L’illusion d’une guérison immédiate
L’un des plus grands pièges de la catharsis forcée, c’est qu’elle peut donner l’illusion d’une transformation rapide.
Pourquoi ? Parce qu’après une grosse décharge émotionnelle, le corps libère temporairement des endorphines, créant un sentiment de soulagement.
Mais ce soulagement est souvent de courte durée. Si le système nerveux n’a pas eu le temps d’intégrer l’expérience en douceur, les anciens schémas émotionnels reviennent rapidement… parfois encore plus forts.
4. Comment accompagner les émotions autrement ?
Dans Somaluna, nous privilégions une approche basée sur la régulation progressive du système nerveux et sur l’intégration des émotions en douceur.
Plutôt que de chercher une explosion émotionnelle, nous travaillons avec :
- L’écoute du corps et de ses signaux avant toute intervention.
- Des outils de régulation progressive, comme la respiration consciente et les mouvements doux.
- L’importance du cadre et de la sécurité, où la personne est acteur de son processus, et non forcée dans une libération qu’elle ne maîtrise pas.
Conclusion : une approche plus respectueuse des émotions
Dans de nombreux espaces, on pousse encore les gens à « exploser » pour se libérer, mais ce n’est pas ainsi que le système nerveux fonctionne.
✨ L’émotion n’a pas besoin d’être criée pour être entendue.
✨Un bon accompagnement se fait dans la subtilité, dans l’écoute et la compréhension du rythme de la personne.
✨ Dans la formation Somaluna, nous apprenons à travailler avec le corps, et non contre lui.
Si tu accompagnes des personnes ou si tu souhaites mieux comprendre tes propres réactions émotionnelles, sache qu’il existe une autre voie, plus douce, plus respectueuse et surtout, plus durable.