Les vibromasseurs ont changé le monde, en quelque sorte ! Même si à l’origine cette invention n’a pas été créée avec la meilleure des intentions.
Je t’explique : le vibromasseur n’a pas été créé pour le plaisir des femmes !
Il a été créé par un médecin qui avait mal au bras de devoir masturbé des femmes toute la journée. Oui, tu as bien lu ! Heureusement que l’on ne vit plus à cette époque.
Nous sommes à la fin du 19e siècle et cela fait presque 300 ans que les femmes qui souffriraient d’hystérie suivent une thérapie appelée de stimulation dactyle ou pénétrationnisme. Celle-ci consiste en une masturbation thérapeutique conduite par un médecin. Ce dernier va masser les zones érogènes féminines, jusqu’à l’orgasme salvateur et guérisseur.
Hystérie
L’hystérie à cette époque était considérée comme une maladie due à un désir d’orgasme inassouvi. Ce trouble de la femme a existé jusqu’en 1952 dans le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). À ce jour encore, une femme qui ose parler, qui ose être elle-même, qui ose aller à contresens de ce à quoi la société s’attend d’elle est catégorisée d’hystérique.
D’ailleurs, c’est encore arrivé sur un plateau TV au début du mois, le député des républicains a dit de Marlène Schiappa (ministre déléguée au ministre de l’Intérieur) qu’elle est à la limite de l’hystérie. Heureusement que la présentatrice Laurence Ferrari ne l’a pas laissé faire et l’a recadré sur ses propos sexistes.
Hystérie vient du grec Hystera qui se réfère à l’utérus. C’est Hippocrate, le premier à en parler. Platon dit de l’hystérie le suivant dans le Timée qui est son œuvre principale : “La matrice est un animal qui désire ardemment engendrer des enfants ; lorsqu’elle reste longtemps stérile après l’époque de la puberté, elle a peine à se supporter, elle s’indigne, elle parcourt tout le corps, obstruant les issues de l’air, arrêtant la respiration, jetant le corps dans des dangers extrêmes, et occasionnant diverses maladies, jusqu’à ce que le désir et l’amour, réunissant l’homme et la femme, fassent naître un fruit et le cueillent comme sur un arbre”.
Les femmes au moyen-âge considérées hystériques étaient exorcisées (car possédées par le diable) ou brûlées sur le bûcher, car elles étaient des sorcières, bien entendu.
Cette maladie était très lucrative car, impossible d’en guérir et les patientes revenaient encore et encore.
À un tel point qu’en Allemagne, un centre spécial a été créé dans ce but à la fin du 19e. Il accueillait 1500 femmes par an.
Freud a largement contribué à ancrer dans les mœurs l’hystérie de la femme, car il a fait de celle-ci une des bases de la psychanalyse. Bien entendu, pour lui elle est liée à la sexualité.
D’ailleurs, je pense que l’hystérie a bien contribué à l’insulte que nous pouvons recevoir en tant que femme : “être mal baisée”. Car dans la conscience (plutôt inconsciente) populaire, une femme peut être déréglée si elle n’a pas de relations sexuelles. Un homme, bien entendu que non !
En tout cas, l’hystérie est pour moi, un fourre-tout qui sert à humilier, rabaisser, catégoriser la femme et nous en subissons encore les séquelles.
Histoire du Vibromasseur
Ainsi le vibromasseur est né, à l’époque il était plus connu sous le nom de marteau de Granville, du nom de son inventeur ou percuteur mécanique à ressort. Son usage était exclusivement thérapeutique. À cette époque, c’est une grosse machine qui fonctionne avec de la vapeur. Il faut attendre la deuxième décennie du 20e siècle pour que celui-ci devienne portable.
Je précise que les godemichés existent depuis plus longtemps. Selon l’anthropologue Philippe Brenot, co-auteur de la BD Sex Story, le premier retrouvé serait un silex et Cléopâtre utilisait plusieurs feuilles de papyrus enroulés et remplis d’abeilles bourdonnantes. On peut presque dire que c’est elle, l’initiatrice du godemiché vibrant.
Avant le vibromasseur tel qu’on le connait aujourd’hui, il y a aussi eu les douches (une méthode très répandue en France et qui consistait à diriger un jet d’eau puissant sur la vulve de la femme, jusqu’à ce qu’elle jouisse) et avec l’arrivée de l’électricité, il y a eu la machine de massage électrique, les électrodes vaginales, l’excitateur vulvo-utérin, l’électro-spatteur et la fourchette vibrante.
Des noms plus sexys les uns que les autres, tu peux imaginer à quel point certaines femmes ont pu se sentir torturées par toutes ces techniques barbares et froides de jouissance.
À l’époque de la commercialisation des premiers vibromasseurs destinés à un usage privé, il y a eu des publicités dans la presse féminine qui mettaient des illustrations de femmes se massant le visage avec ce gros objet phallique. J’ai lu dans un article du Nouvel Observateur, les slogans suivants qui ont accompagné: “Grâce à lui, vous sentirez palpiter en vous tous les plaisirs de la jeunesse” et “La vibration, c’est la vie”.
C’est à partir des années 60 que le vibromasseur est commercialisé comme un jeu sexuel. Depuis il a bien évolué. Il existe maintenant différents modèles que tu peux enclencher avec un smartphone, d’autres spécifiques pour le clitoris, certains sont connectés et peuvent même être enclenchés à distance. Nous avons l’embarras du choix en matière de jouets sexuels.
Je profite de cet article pour te dire que les jouets pour enfants ne devraient pas être genrés et qu’à partir du moment où ils sont définis comme jeux de filles ou de garçons, nous ne devrions pas laisser nos enfants jouer avec. S’il faut utiliser ses parties génitales pour jouer avec un jouet, ce n’est pas destiné aux enfants, mais bien aux adultes.
Surtout depuis une dizaine d’années (seulement), les femmes ont commencé à réaliser des modèles conçus par des femmes pour des femmes. Ainsi les sex-toys sont devenus plus ergonomiques et plus adaptés à la morphologie des femmes. Ceux-ci sont plus fins, certains ressemblent même à des bijoux ou à des objets design que l’on pourrait mettre en décoration dans nos maisons.
Maintenant, pourquoi je déconseille l’usage du vibromasseur ?
Pour deux raisons, la première est due aux matières utilisées pour créer un tel objet.
Généralement, c’est du plastique, même si aujourd’hui il existe des plastiques moins toxiques, qui ne contiennent pas de BPA, qui sont en ABS ou en silicone qui peut être fait à base de matière inerte et biodégradable. Même si ces nouvelles matières sont dites moins toxiques, je reste méfiante quant à leurs émissions quand elles se trouvent dans un environnement chaud et humide, comme le vagin.
Il faut voir aussi qu’un vibromasseur ne se recycle pas ni se vend en deuxième main (du moins, je n’en ai pas vu encore !).
Quoiqu’il en est, ma Yoni est sacrée et je souhaite l’honorer comme telle en lui présentant des matières nobles : un corps humain, une pierre adaptée à la pénétration comme un oeuf de yoni en jade ou un god en verre spécial.
Ma deuxième raison est que le vibromasseur permet une jouissance rapide, avec un rythme régulier qui est difficile de reproduire naturellement.
Cela fait qu’après un certain temps d’utilisation du vibromasseur, nous habituons notre corps et notre cerveau à une stimulation précise et rapide. Et c’est là que ça peut devenir un réel problème pour les femmes. Avec ce type d’habitude, il devient difficile à un homme ou une autre femme de satisfaire une utilisatrice fréquente des vibromasseurs.
L’acte sexuel peut devenir frustrant, long, car l’orgasme n’est pas atteint en quelques minutes, comme avec la machine.
Ces constatations ne sont pas visibles au niveau de la physiologie du corps, mais plutôt dans la plasticité du cerveau. Notre cerveau se modifie en fonction des stimulus qu’il reçoit, s’il reçoit fréquemment l’information que l’orgasme est rapide et avec un certain type de vibration, rapidement il va s’adapter à ces nouvelles informations.
Il faut aussi voir notre cerveau comme un système orienté tache, c’est-à-dire qu’il faut faire la tâche pour obtenir un résultat spécifique d’une certaine manière. En utilisant avec fréquence des objets sexuels vibrants, il va rapidement assimiler la tâche comme faire tout vite pour un orgasme.
Donc il sera difficile de savourer l’échange de l’acte sexuel avec une autre personne. Puisque ces échanges ne garantissent pas à chaque fois un orgasme rapide ! Ainsi notre cerveau “se frustre” et considère qu’il n’a pas eu ce qu’il veut. Puis il fait ce qu’il fait : il catégorise l’acte comme manqué !
Au fur et à mesure des échanges, notre cerveau va de moins en moins aimer les échanges à deux parce qu’ils sont pour lui insatisfaisants. Cela met en péril les relations de couple. Il faut voir qu’il fait cela afin de nous permettre d’évoluer et dans certains cas cela nous sert bien.
On oublie ainsi le plaisir d’échanger, de rencontrer, de découvrir, d’explorer et de vibrer (de ses cellules) avec un autre être humain.
Alors, Vibrons Ma Sœur 😉
Fais-moi savoir en commentaires ce que tu as pensé de cet article parce que je suis curieuse et je me régale déjà à l’idée de te lire.
Si tu as besoin de revenir à une sexualité plus douce et plus consciente, il existe plusieurs choses que tu peux faire : pratiquer l’œuf de Jade qui va te permettre de revenir au Slow Sex. C’est un mouvement qui a surgi avec le mouvement Slow Food, d’une certaine manière, qui invite à la lenteur, à la conscience et à de nouveaux paysages.
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Je t’embrasse,
Jessica.
2 Responses
Interressant de savoir ce a quoi servait les vibromasseurs avant d être commercialisé comme tel ! Finalement, le chemin du respect de la femme est encore à faire!
Bonjour Yuki, merci pour ton message.
En effet, il y a du chemin encore. Heureusement que de plus en plus de femmes s’intéressent aux vibromasseurs et jouets sexuels féminins pour nous créér des objets plus appropriés.
Je t’embrasse,
Jessica